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Réflexions piquantes d'une jeune romaniste
21 novembre 2007

Parfois, il est préférable de téléphoner...

Vous vous souvenez de la piazza dei Signori, ma gigantesque piste de danse ? Décidément, on ne s’y embête pas.

Mais commençons par le début. Depuis jeudi, j’en ai la confirmation : je déménage (attendez ; d’ici peu, je vous donnerai des nouvelles de mon nouveau logement). Si cette perspective me comble de joie, elle comporte tout de même quelques pépins. Je suis venue à Padoue avec trois valises et plusieurs sacs ; Maman m’a apporté pas mal d’affaires lorsqu’elle est venue me rendre visite ; j’ai acheté ici beaucoup de livres et quelques pulls supplémentaires, un peu de vaisselle et d’objets en tout genre, sans compter toutes mes provisions : comment vais-je faire pour transporter tout cela ? Il me faut absolument une voiture, et, de préférence, le chauffeur qui va avec. Où trouver cela ?

Je pense d’abord à Sarah, mais avec tous ses amis qui arrivent ce week-end, ce n’est peut-être pas l’idéal. Je décide alors de m’adresser à Marco. Je me dis qu’il peut difficilement me refuser ce service : primo parce qu’il est le président de l’association Erasmus et qu’aider une Erasmus dans le besoin doit faire partie de ses fonctions ; secondo parce que, Liégeois d’adoption, il doit être animé d’une sorte de solidarité liégeoise ; terzo parce que je suis une amie de Justine et que tout ce qui la touche le concerne aussi.

Bref, je demande à Justine son numéro mais, une fois obtenu, je me tâte, je n’arrive pas à l’appeler. Demander à quelqu’un de jouer les taxis pour vous me semble assez délicat, surtout au téléphone, un moyen de communication qui m’a toujours mise en peu mal à l’aise – même en français. Je me trouve alors des excuses : « Tu le verras sans doute ce soir à l’Unwound, pas la peine d’appeler maintenant. » Évidemment, il n’y est pas. Le lendemain : « Vincenzo a dit que pas mal de membres de l’association fêtaient la laurea (autrement dit, la fête – autant dire la guindaille – pour célébrer la fin d’études d’un étudiant) d’une amie ; il n’a sans doute pas envie d’être dérangé en train de festoyer. » mais je culpabilise de ne pas oser appeler. En fin d’après-midi, je passe piazza dei Signori après avoir fait quelques courses lorsque j’entends les bruits caractéristiques d’une laurea (le fameux Dottore, l’injonction Bevi et toutes les exclamations qui l’accompagnent). Je me dis : « Si ça se trouve, c’est cette laurea dont on m’a parlé. » Je m’approche, j’observe… et je reconnais l’écharpe du président. Incroyable ! C’est la bonne laurea. Génial ! Pas besoin d’appeler ; il suffit de lui parler directement. Je m’approche de mon air le plus innocent… Mais la lauréate m’a repérée ; elle se jette sur moi. Bientôt, me voilà cernée par tout le groupe ; Francesca, la responsable de l’Ufficio delle Relazioni internazionali, braque sa caméra sur moi ; Marco et Vincenzo ont l’air un peu perplexe. Marco annonce tout de suite que je suis Erasmus, comme on dit d’un enfant qu’il est petit ou infirme pour inciter ses camarades à un peu de modération dans leurs jeux. Aïe ! C’est si terrible que ça, ce qui m’attend ? Sara, la laureata, toute déguisée, la voix pâteuse, la démarche titubante et la gaieté alcoolisée, me demande d’où je viens : « È belga » répond Marco. « Come ti chiami ? » « Géraldine » répond Vincenzo. Je suis peut-être Erasmus, mais je ne suis pas muette et je suis quand même capable de répondre à des questions bateau, même entourée d’inconnus et un peu inquiète quant au sort qu’ils me réservent ! Voici le moment de l’épreuve : Sara tient un cornet dans sa main qu’elle décore malhabilement d’une tonne de panna et de cacao puis qu’elle me tend. Après quelque hésitation, je m’exécute, j’avale la crème fraîche tout en gardant le sourire. Bon c’eût pu être pire. Je me tourne ensuite vers Marco (après tout, je me suis couverte de ridicule rien que pour lui parler) et je lui explique toute mon histoire. Il accepte de m’aider. Je décline l’invitation de la lauréate pour participer à sa fête, le soir, je prends congé du groupe en lui souhaitant une bonne soirée et je m’en vais. En m’éloignant, je me dis que, finalement, il était plus simple de téléphoner.

L’histoire n’est pas finie. Le soir, avec des amis Erasmus et des membres de l’association, je vais à une soirée d’anniversaire. Plus tard dans la soirée, les leaders nous proposent de changer d’endroit et… d’aller à la fête de la laurea. Là-bas, je me sens observée. Accès de paranoïa de ma part ? Pas tout à fait. Une Italienne se tourne un moment vers moi : « Sei Belga ? » Je me doute que cette question en cache une autre. J’acquiesce. « Sei la ragazza con il gelato ?! » « Sono io ! » Ridicule sans doute, mais tant pis : j’assume ! Et je continue de danser…

021_Padoue____dottore__dottore__

Ceci n’est pas la photo de la laurea en question (il faisait noir et j’étais plutôt mal placée pour prendre des photos !) mais une photo prise en juillet lorsque j’étais venue à Padoue avec mes parents. Quel dépaysement ! Vous avez à présent une idée du triste sort qui attend les futur diplômés padouans.

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