Ce n’est pas parce que l’Erasmus est terminé que mon blog doit suivre cette voie.
Hier soir, Arte a diffusé un film assez incroyable, portant sur le génocide au Rwanda : Shooting dogs. Et, chose trop rare ces derniers temps, elle l’a passé en V.O (c’est-à-dire principalement anglais, mais aussi langue locale et français).
L’histoire se passe en 1994, à l’école technique officielle (en français dans le texte) dirigée par le père Christopher (John Hurt, que j’ai trouvé fort vieilli – était-ce volontaire ou non ?), missionnaire catholique depuis trente ans au Rwanda, qui est secondé par Joe (une plaisante découverte : Hugh Dancy), un jeune professeur idéaliste. Les jours semblent paisibles sous le soleil africain – enfin, pas si paisibles que ça : l’installation de Casques bleus belges au sein de l’école est là pour rappeler que les temps sont troublés – : Joe joue les commentateurs sportifs pour amuser ses élèves, tente tant bien que mal de leur expliquer le principe de la transsubstantiation, teste la bière à la banane du père de François et charme sans bien s’en rendre compte la jolie Marie.
Mais les événements se précipitent de manière dramatique. Un coup d’État ; le président assassiné ; la communauté tutsi se fait massacrer à coups de machettes. En quelques mois, près d’un million de Tutsis perdent de la vie. Mais l’ONU n’intervient pas ; les Casques bleus ne peuvent intervenir que si ce massacre est reconnu comme un génocide. Or la communauté internationale s’y refuse… Environ deux mille personnes, principalement des Tutsis, trouvent refuge dans l’enceinte de l’école. Les soldats de l’ONU font grise mine mais ils ne peuvent pas les repousser et protègent les personnes à l’intérieur de l’école. Quant aux autres, ils sont abandonnés à leur triste sort. Se croyant protégés par leur peau blanche et leur statut de prêtre et d’instituteur, Joe et le père Christopher tentent de sortir de l’école (pour faire venir les envoyés de la BBC ou acheter des médicaments) mais ils découvrent toute l’ampleur des atrocités commises par les Hutus. Joe, par exemple, arrêté par un barrage hutu en compagnie des reporters anglais, n’en réchappe que parce que son ami François l’a reconnu. Mais François a les mains et la machette couvertes de sang…
Le salut semble un moment incarné en la personne des Français qui arrivent en renfort. Mais ces légionnaires se montrent encore plus décevants que les Belges. Oui, ils sont là afin de faire évacuer le camp, mais seulement pour les ressortissants européens. « On a de la chance, dit la journaliste anglaise. Au début, ils ne prenaient que les Français. » Plus de deux mille personnes et ils ne veulent en sauver qu’une quarantaine. Seuls le père Christopher et Joe refusent de s’en aller. Pourtant, ils y seront forcés ; les Casques bleus belges reçoivent l’ordre d’évacuer. Ce qui signifie abandonner les deux mille Tutsis à la folie meurtrière des Hutus. Le père de Marie demande même au capitaine de les tuer avant de partir, rapidement et sans souffrances ; évidemment, il ne peut s’y résoudre. Joe s’en va mais le père Christopher reste. Dans un dernier sursaut, il prend son vieux fourgon et cache les enfants sous une bâche. Malheureusement, il se fait abattre à un barrage. Seule la jolie et rapide Marie parvient à s’enfuir.
Cinq ans plus tard, dans une scène qui peut sembler inutile mais qui permet d’apporter un peu d’espoir, un taxi s’arrête devant un splendide collège anglais (une sorte de Poudlard mais sans la magie) et Marie en descend. Elle retrouve Joe et lui dit que si elle a survécu, c'est parce que, tandis qu'elle prenait la fuite, elle entendait sa voix qui l'encourageait, comme au temps où il faisait le commentateur sportif...
Image: http://olivier.quenechdu.free.fr/spip/IMG/jpg/ShootingDogs_fr.jpg