Être seule la nuit (dans les rues de Padoue)
Lorsque j’ai eu mes ennuis avec ma bici, mes amis ont essayé de me remonter le moral en cherchant des avantages à mes malheurs vélocipédiques : « Vu ta malchance à vélo, celui qui t’a volé ta bici t’a peut-être épargné un terrible accident. », « C’est un bon prétexte pour te faire raccompagner a casa par de charmants jeunes hommes. », etc. J’en ai trouvé un autre : la nuit, Padoue m’appartient.
Ainsi, lundi soir, en revenant de soirée, j’ai eu une sensation étrange. Pour rentrer chez moi, je devais traverser le centre historique. Le lundi n’est pas un jour « officiel » de sortie pour les étudiants à Padoue et il n’y avait guère de monde dans les rues. En arrivant piazza dei Signori, j’ai regardé autour de moi : pas un chat ! J’étais seule sur cette grande place d’ordinaire si animée. Vite : un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite. Oui, je suis absolument seule. Alors je me mets à danser, au beau milieu de la place. C’est ma manière à moi de m’approprier les lieux, d’exprimer ce sentiment que « la ville est à moi ». C’est fabuleux de danser à deux heures et demie du matin piazza dei Signori et de chanter à tue-tête I will survive piazza dei Frutti. On a un tel sentiment de puissance : je suis la reine – nocturne – de Padoue.
En revanche, l’insomniaque de la piazza dei Signori qui s’est levé pour boire un verre d’eau et qui a regardé par la fenêtre a dû avoir un bien étrange spectacle !