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Réflexions piquantes d'une jeune romaniste
31 janvier 2008

Les Italiens, grands amateurs de kiwi ?

Malheureusement, ça commence à sentir la fin : dans moins de trois semaines, je quitte définitivement Padoue. Déjà nostalgique, je me sens d’humeur lyrique – ou élégiaque – et j’ai envie de faire l’apologie de tous les gens, lieux, situations qui m’ont apporté quelque chose durant cette aventure, contribuant à ce qui semble un cliché lorsqu’on l’entend mais qui se révèle parfaitement juste quand on le vit : peut-être la plus belle expérience de ma vie.

La première chose dont je voudrais faire le panégyrique, c’est l’association Erasmus (ce serait pas mal comme titre, Le panégyrique de l’ESN Padova ?). Comme je le disais dans un précédent article, cette communauté de jeunes gens, aussi étranges que sympathiques, a largement contribué à rendre mon séjour unique, par leur personnalité bien sûr, mais aussi par les nombreuses rencontres qu’ils m’ont permis de faire et les nombreuses activités qu’ils ont organisées. Sangria parties, soirées pub, soirées latinos, sorties en boîte, bacarata, visites de Vérone, Venise, Bassano ou Ferrare, dégustation de vin, soirées à thème, fêtes « nationales », pub crawl, ce sont quelques-unes des nombreuses activités qui nous ont été proposées. Si je devais choisir mes préférées (je déteste faire des choix mais c’est parfois utile), voici à quoi ressemblerait mon podium (sans établir cependant de distinction entre les trois vainqueurs) :

la Venezia dei misteri, le Pub crawl et la Soirée quiz.

quiz0J’ai déjà touché quelques mots des deux premières activités, il est temps de présenter la dernière :

la Soirée

quiz au Fahrenheit 451. Le Fahrenheit 451 est un locale (autrement dit, un bar français ou un café « carréesque ») situé, pour mon plus grand malheur, dans un quartier assez éloigné et pas très bien fréquenté de Padoue – heureusement que je possède le talent de m’attirer des chauffeurs ! C’est un endroit tout bonnement fantastique : il y a un comptoir, des tables et des chaises (rien de surprenant en somme pour un bar) mais aussi de confortables fauteuils et canapés, des jeux de société, un piano et une guitare pour qui aime s’adonner à la musique, une scène pour des concerts ou des représentations théâtrales et surtout, surtout, une vaste bibliothèque. Comme je suis arrivée assez tôt, tandis que les gens de l’association achevaient les derniers préparatifs, j’ai eu tout le temps de faire l’inventaire de la bibliothèque. Il y avait de tout : des fumetti (bandes dessinées), des guides de voyage, des essais et plein de livres « littéraires » – recueils de poésie, pièces de théâtre et roman – d’auteurs de toutes les nationalités. Tous les classiques de la littérature occidentale étaient là : Orwell, Garcia Marquez, Beckett, Leopardi, Baudelaire, Shakespeare, Dante (une belle édition de La Divine Comédie illustrée par Gustave Doré), Saba, Camus, généralement traduits en italien. J’aurais pu passer des heures à me perdre parmi les rayons.

Mais je n’étais pas là pour lire ; j’étais là pour jouer. Comment réussir une soirée quiz ? Après avoir choisi le lieu adéquat, capable de créer une ambiance particulière, il faut veiller aux équipes, aux maîtres du jeu, aux activités, aux interludes, etc. Nous nous sommes répartis en huit ou dix équipes de quatre personnes, aux couleurs internationales : moi, je faisais équipe avec Eva, une Finlandaise, sa coinquilina tchèque et Jörg qui est allemand (l’équipe des « Serial killer » en raison du titre d’un ouvrage abandonné sur notre table). Lorenzo jouait dynamiquement le rôle de l’animateur ; Tomaso faisait office à la fois de juge, d’arbitre et de pitre de service, Tajana, la conceptrice du jeu, jouait modestement les vallette. Diego nous a proposé en outre un petit intermède musical et Alessandro a diverti l’assemblée en exécutant quelques tours de magie avec des cartes.

quiz1Le quiz consistait en six séries de dix questions, chacune portant sur un thème particulier. La première portait sur Padoue (Saviez-vous que le Prato della Valle était la plus grande place d’Europe et que l’Orto botanico était l’unique monument de padouan classé au patrimoine mondial de l’Unesco ?) ; la seconde, sur l’histoire/géographie (Saviez-vous que la Nouvelle-Zélande était le premier pays au monde à avoir accordé le droit de vote aux femme ? Moi, je l’ignorais ; Eva, non – la Finlande le deuxième). La troisième série était plus difficile : il s’agissait de reconnaître la langue des chansons qu’on nous faisait écouter. Évidemment, ce n’étaient pas de l’espagnol ou de l’allemand, mais du polonais, du lituanien ou du roumain. Heureusement qu’il y avait avec nous une personne qui parlait deux langues aussi peu courues que le finnois et le suédois et que les personnes qui reconnaissent leur langue nationale sont en général peu discrètes. La quatrième série était intitulée « Curiosités » : j’ai appris que l’homme le plus grand du monde mesure plus de 2,70 m et que les Italiens étaient les premiers exportateurs de kiwi. L’avant-dernière série consistait à identifier des pochettes d’albums en donnant me nom du groupe/chanteur et/ou le titre de l’album. Deux intrus s’étaient glissés parmi les albums : le drapeau du Groenland et une photo de notre estimé président de l’association (qui a dit qu’il s’agissait d’un album de Jim Morrison ?). Enfin, la dernière série, un peu trop racoleuse au goût de Julia, portait sur l’ESN. Organisation européenne (et non uniquement padouane comme nous avons tendance à le penser), l’Erasmus Student Network a été créée en 1990 aux Pays-Bas et possède son siège à Bruxelles.

Cette soirée était une réussite pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous n’étions pas très nombreux, ce qui a contribué à créer une certaine complicité entre nous. Ensuite, quoique tous motivés pour la victoire (les Serial killer sont montés sur la troisième marche du podium ; pas mal, non ?), l’ambiance restait bon enfant. De plus, comme il y avait très peu de francophones, j’ai pu parler italien toute la soirée et j’ai retrouvé des personnes que je n’avais pas vues depuis quelque temps et que j’apprécie beaucoup. Malgré le spritz et la bière – ou peut-être grâce au spritz et à la bière, nous nous sommes retrouvés en fin de soirée, Eva, Luciana, Mauro, Lorenzo, Jörg et moi, à discuter de la différence en italien entre poesia (« poésie » ou « poème ») et poema (« long poème » de type épique), de La Divine Comédie et des Promessi sposi de Manzoni et de l’influence de ce dernier sur la constitution du standard italien, de la poésie épique et des poèmes fondateurs des différentes littératures européennes (y compris la portugaise et la finlandaise). Le pire dans tout ça, c’est que j’étais l’unique étudiante de Lettres parmi nous : ce soir-là – aura du Fahrenheit ?, les médecins, les géographes, les juristes et les statisticiens s’adonnaient à la littérature.

(Images : site du Fahrenheit 451: http://www.circolo451.org/images/fotos/quiz0.jpg (vue d'ensemble) et http://www.circolo451.org/images/fotos/quiz1.jpg (l'équipe des Serial killer))

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