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Réflexions piquantes d'une jeune romaniste
26 octobre 2007

Les aléas d'Erasmus

Ce texte n'est pas neuf. Pour être honnête, il s'agit d'un courriel que j'avais envoyé il y a neuf jours à mes amis. Mais il est tellement rare que je sois aussi contente des textes que j'ai écrits que j'ai envie de le partager - pourquoi pas? - avec la terre entière.

Dans la série « Gégé à Padoue », je vous livre un épisode déso(pi)lant.

Il faut savoir que Padoue est la ville des vélos – en vérité, c’est Ferrare, paraît-il, mais Padoue se défend bien. Tous les étudiants ont une « bici » pour aller aux cours, faire les courses et sortir le soir. Sauf moi (plus deux pelés et trois tondus). Pourquoi ? Parce que, peut-être le savez-vous déjà, ma vie n’est qu’une succession de drames liés à la « petite reine ».

A six ans, en vacances à la mer du Nord (qu’est-ce que c’est que cette histoire de littoral plat : je peux vous assurer qu’il y a à la mer des rues fort en pente), tandis que je m’élance sur mon vélo à quatre roues, soit freins défectueux, soit – plus vraisemblablement – méconnaissance de ma part de leur fonctionnement, je fais une chute prodigieuse, qui m’écorche tout le visage (si, si, pendant des mois, j’ai eu le menton et le bout du nez tout rouges) et qui me vaut aujourd’hui un ongle de forme indescriptible (car arraché pendant la chute et repoussé comme une mauvaise herbe).

Cinq ans et demi plus tard, j’ai vaincu ma peur du vélo et roule de manière plus ou moins correcte sur un deux-roues. Je suis en sixième primaire, fin septembre. L’instituteur organise avec une autre école une journée à la piscine de Tilff, où nous nous rendrions à vélo. Face à tous ces préadolescents excités à l’idée de montrer leurs prouesses, je ne fais pas le poids. Mais le problème n’est pas là. Lorsque nous arrivons à Tilff après avoir roulé plusieurs heures durant, une mauvaise surprise nous attend : la piscine n’est ouverte que jusqu’au 31 août ! Bref, les profs décident de nous emmener jusqu’à Esneux. On a à peine le temps de manger ses tartines qu’il faut déjà reprendre le chemin du retour. En gros, j’ai passé à peu près huit heures sur un vélo pour rien.

Après cela, je suis complètement dégoûtée et je ne remonte plus sur un vélo durant des années. C’est alors, cinq ans et demi plus tard, en quatrième secondaire, le professeur de religion estime que quelques jours à vélo le long du littoral belge (« Cycl’eau 4 » : admirez le jeu de mots) sont bien plus efficaces qu’une retraite. Bref, me voici contrainte et forcée de me remettre à pédaler. Seulement, je suis handicapée. Une semaine avant, souffrant depuis quelque temps des genoux (au point de sentir parfois mon genou qui « lâche » durant les pirouettes à la danse) et inquiète de l’effort physique que représente ce projet, je consulte un médecin. Le verdict tombe : arrêt de danse pendant plusieurs semaines et interdiction absolue de faire du vélo. Chic ! penserez-vous. Eh non ! Car ma sœur, trois ans auparavant, pour le même « Cycl’eau », avait présenté au prof un certificat médical pour les mêmes motifs : bien qu’il s’agisse plutôt d’un défaut de fabrication que d’un prétexte pour se faire dispenser de sport, le prof ne goberait pas ça. Bref, je me retrouve à nouveau sur une selle en train de pédaler, avec des genoux en miettes (et la possibilité de me reposer de temps à autre dans une voiture-balai, soyons honnête).

Cinq ans et demi plus tard (est-ce une malédiction ?), je pars en Erasmus à Padoue et je découvre que, « pour être une véritable étudiante, il faut un vélo ». Au bout d’un mois, je finis par acheter une « bici » dans des circonstances rocambolesques (je vous épargne les détails). Je l’enfourche péniblement, roule en traçant moult zigzags (demandez à Anne) et en ayant beaucoup de mal à freiner. Moins de dix minutes après, je suis chez moi.

C’était lundi. Aujourd’hui, en passant devant l’emplacement où j’avais rangé mon vélo, j’ai une très mauvaise surprise. Non, le vélo n’avait pas été volé durant la nuit ; il était toujours bien là, en un seul morceau… si ce n’est que la roue avant était plus tordue que le chiffre huit ! Vandalisme gratuit ou accident de parcours en essayant de forcer mon cadenas ? Mystère ! Mais le résultat est là : je n’ai plus de vélo.

Pourtant, j’aurais dû le savoir. Je me suis découvert des dons de voyance. Cette nuit, j’ai très mal dormi parce que j’étais obsédée par ce vélo (et pour cause) : je n’arrêtais pas de penser au moment où je devrais m’en servir et ça me terrorisait. Ce n’est jamais arrivé. A part ces dix minutes, je n’ai jamais utilisé ce vélo.

Cette mésaventure m’a-t-elle dégoûtée de Padoue ? Bien sûr que non : il en faut beaucoup plus pour que je cesse d’aimer cette ville. En revanche – si ce n’était pas déjà fait – elle m’a dégoûtée à jamais du vélo !

Et voilà ! La suite au prochain épisode

PS: Une semaine plus tard, le vélo n'a plus de selle et le panier sert de vide-ordures aux gens du quartier!

Ca_me_fait_penser_aux_montres_molles_de_Dali_

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Commentaires
C
lol ^^<br /> moi aussi j'ai fait cycl'eau avec monsieur Deltour! Et moi non plus je ne suis pas super à l'aise sur un vélo... Quoi que... depuis que je suis ici je pense que je suis capable de rouler n'importe où avec n'importe quoi :D<br /> Même parcours on dirait, je marche sur tes traces ;)
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